Nouvelle Revue Synergies Canada (Dec 2024)
Au seuil de la transgression : l’instance préfacielle dans les mystères urbains
Abstract
Cet article repose sur l’hypothèse que le paratexte (théorisé par Gérard Genette), revêt une pertinence particulière dans le contexte des mystères urbains, corpus important de romans populaires parus à la suite du succès fulgurant des Mystères de Paris d’Eugène Sue (1842-43). Si la notion d’une transgression des limites se trouve au cœur de la diégèse dans ces mystères urbains, je soutiens que la préface en particulier, dont la participation à cette diégèse s’avère insistante, constitue, elle aussi, un « espace de transgression. » À l’appui d’exemples tirés des Mystères de Nancy de Victor Verneuil (1845) et « Mystère-ville » de Jules Lermina (1904-05), parmi d’autres textes, je me penche sur la rhétorique d’initiation spécieuse soulignée dans ces préfaces, ainsi que sur les délais préfaciels et les préfaces fictionnelles. L’emploi caractéristique et ludique de la préface perpétue à la fois la formule lucrative des mystères urbains et l’association séductrice et typiquement moderniste de la ville et du texte.