Journal de la Société Marocaine d’Ophtalmologie (Jun 2018)

Symblépharons : profil épidémiologique et thérapeutique

  • N. Saifaoui,
  • M. El Belhadji,
  • I. Chafik,
  • A. Mchachi,
  • L. Benhmidoune,
  • R. Rachid,
  • A. Amraoui

DOI
https://doi.org/10.48400/IMIST.PRSM/JSMO/9789
Journal volume & issue
Vol. 0, no. 27
pp. 11 – 15

Abstract

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Introduction Le symblépharon est une adhésion entre les deux feuillets conjonctivaux bulbaire et palpébral compliquant de nombreuses pathologies de la surface oculaire et pouvant retentir sur la fonction visuelle. Le but de notre travail est d’étudier les aspects épidémio-cliniques de cette pathologie et les modalités thérapeutiques dans notre contexte. Matériels et méthodes Nous avons étudié 78 cas de symblépharons colligés dans notre service entre Janvier 2007 et Avril 2017. Résultats Il s’agit de 67 patients (78 yeux) atteints de symblépharons dont 11 cas de forme bilatérale. La moyenne d’âge est de 33 ans avec des extrêmes de 7 et 76 ans. Le sex ratio H/F est de 1,5. Les étiologies ont été dominées par les brûlures oculaires dans 45 cas (57,7%) dont 40 cas d’agression chimique. Treize cas ont compliqué une chirurgie oculaire (16,7%) (6 cas de plaies palpébrales transfixiantes, 5 cas de ptérygion (6,4%), un cas de section canaliculaire, et un cas de fracture orbitaire). Dix cas sont secondaires à un trachome (12,8%), neuf cas à un syndrome de Stevens Johnson (11,5%) et un cas à une varicelle. Cliniquement, les synéchies conjonctivales étaient responsables d’une limitation de la motilité oculaire dans 8 cas (10%). On retrouvait des signes de fibrose conjonctivale ou follicules blanchâtres évoquant un trachome dans 10 cas (12,8%). Le symblépharon était associé à un distichiasis dans 9 cas (12%) ou d’un ankyloblépharon dans 2 cas (2,5%). Le symblépharon envahissait la cornée dans 19 cas (24%). Par ailleurs une dystrophie de cornée +/- néo vascularisation cornéenne était retrouvée dans 26 cas (26%). Une instabilité du film lacrymal était présente dans 23 cas (29%). Le traitement chirurgical était envisagé après un délai minimal de 12 mois pour les brûlures chimiques et 6 mois pour le reste des étiologies. Tous les patients ont bénéficié d’une ablation et dissection des adhérences. 16 cas ont bénéficié d’une reconstruction par greffe de muqueuse conjonctivale controlatérale (21%), et 62 d’une greffe de muqueuse buccale (79%). Après un recul minimal de 12 mois, nos résultats postopératoires étaient satisfaisants dans 75% des cas, jugés sur la restitution anatomique, la motilité oculaire et l’ouverture palpébrale et la possibilité d’adaptation de prothèses. Discussion Le symblépharon est une complication fréquente de nombreuses pathologies de la surface oculaire : traumatiques (brûlures oculaires), infectieuses, immunologiques (pemphigoïde cicatriciel, syndrome de Lyell), iatrogènes et inflammatoires. A part le préjudice esthétique, la fonction visuelle est parfois sévèrement atteinte. La prise en charge chirurgicale consiste à libérer les adhérences puis à reconstruire les déficits muqueux par une greffe de muqueuse conjonctivale ou buccale. La greffe de la membrane amniotique a nettement amélioré la conduite thérapeutique. Le délai de l’intervention dépend de la pathologie en cause.

Keywords