SHS Web of Conferences (Jul 2012)

Continu et discontinu dans l’œuvre poétique d’Apollinaire : la phrase apollinarienne au croisement de l’analyse stylistique et des statistiques textuelles

  • Jacquot Clémence

DOI
https://doi.org/10.1051/shsconf/20120100131
Journal volume & issue
Vol. 1
pp. 1099 – 1116

Abstract

Read online

« J’ai fait mon possible pour simplifier la syntaxe poétique » écrit Apollinaire à sa fiancée Madeleine en 1915. Cette petite phrase d’apparence anodine est intéressante sous la plume du poète ; en effet, rares sont, chez lui, les commentaires et les prises de position métapoétiques. De fait, la volonté de « simplification » de la phrase sonne comme un programme d’écriture, qui fait d’ailleurs écho à nombre de réflexions esthétiques sur la langue et l’expression poétique dans un monde où l’avant-garde cherche à prendre ses distances du symbolisme finissant. Nous proposons dans l’étude présentée ici de prendre au mot Apollinaire et d’analyser comme un phénomène particulier de son écriture poétique la question de la « simplification » syntaxique. La simplification de la phrase apollinarienne implique que l’on s’intéresse à la manière dont le poète articule et relie les segments et les propositions. Elle invite dès lors à étudier précisément le type de liaisons syntaxiques utilisées par Apollinaire ainsi que l’armature logique sur laquelle elle repose : Cette dernière est-elle explicite ? Pourquoi ? Quels sont les moyens privilégiés de relier les phrases entre elles ? Cela correspond-il ou non à la volonté qu’exprime Apollinaire de simplifier la syntaxe ? Nous proposons dans cette étude d'analyser l'expression du discontinu (le type d’écriture qui tend vers la parataxe) et du continu (quand la phrase apollinarienne se caractérise par la complexité syntaxique de ses phrases en accentuant les marqueurs de liaison et les indices explicites de l’armature logique des propositions) en croisant les résultats proposés par les outils de statistique textuelle (précisément, le logiciel TXM) et des remarques stylistiques.