E-Spania (Jun 2020)
Le mariage au service de deux rois législateurs : les Siete Partidas (1265) d’Alphonse X et Le Livre au Roi (1200) d’Aimery de Lusignan
Abstract
C’est la forte affinité du rôle attribué au mariage dans le Livre au Roi d’Aimery de Lusignan (vers 1200), traité de droit du Royaume Latin de Jérusalem, et dans les Siete Partidas qui fait l’objet de mon analyse. Malgré les différences à la fois chronologiques, géographiques et la forte disparité de ces deux textes législatifs en ce qui concerne leur caractère (l’un civil et général, l’autre féodal et beaucoup plus limité) et leur contenu textuel, leur envergure et influence respective, je me propose de faire le parallèle entre eux, quant à la centralité du mariage et son instrumentalisation par les rois qui en ont été les initiateurs. On doit attribuer la centralité du sujet du mariage dans les Partidas, et son importance fondamentale dans le Livre au Roi, au fait que les deux monarques qui ont pris l’initiative de la rédaction de ces traités de droit ont compris à quel point le mariage est un instrument capital à leur disposition afin de miner la prééminence des familles et de consolider leur puissance féodale et leur pouvoir monarchique. Aimery de Lusignan et Alphonse X ont chacun à leur tour, et de manière différente, décidé d’instrumentaliser ce pilier de la vie sociale et de s’en servir dans leurs stratégies de limitation des contre-pouvoirs de leurs royaumes. Il s’agit principalement dans le cas du roi du Royaume Latin des grands feudataires, et dans le cas du roi de Castille et de Léon, des familles patriciennes et nobles du royaume. Ils ont ainsi utilisé ce rite de passage capital pour les familles et la société toute entière, comme « cheval de Troie », afin d’affirmer et d’affermir leur prééminence dans leurs royaumes respectifs.
Keywords