Knowledge and Management of Aquatic Ecosystems (Apr 1995)
L'habitat à une échelle globale : importance respective de l'immigration et de l'extinction pour les peuplements de poissons des petits lacs
Abstract
Les deux processus qui déterminent la structure des communautés dans les habitats insulaires sont l'immigration d'espèces vers une communauté et l'extinction de celles qui étaient présentes auparavant. Bien que l'immigration et l'extinction se produisent généralement à des échelles supérieures à celles qu'il est possible d'étudier avec des expériences plannifiées, les écologistes peuvent améliorer leur compréhension de ces processus par l'analyse des distributions observées ; l'isolation, le caractère discret et la réplication des systèmes insulaires présentent des avantages pour réaliser de telles analyses. Comme pour les communautés observées sur de vraies îles, la structure des peuplements de poissons dans les petits lacs forestiers est le résultat de l'immigration et de l'extinction. L'importance relative de ces processus peut dépendre des caractéristiques d'habitat des lacs et des espèces présentes, ainsi que du cadre régional et historique des lacs étudiés. Dans une région donnée, la composition des peuplements locaux de poissons peut être reliée à un ensemble particulier de conditions d'habitat et, dans la mesure où ces facteurs peuvent être liés à l'immigration et à l'extinction, il devrait être possible d'analyser les relations peuplement-environnement pour en déduire l'importance relative de ces processus dans la formation de peuplements locaux dans et entre les régions et les continents. Nous avons réalisé des analyses à large échelle des relations peuplement-environnement des petits lacs forestiers de quatre régions tempérées d'Europe et d'Amérique du Nord ; l'utilisation d'une série d'analyses canonique partielle des correspondances nous a permis de distinguer la variation due aux relations peuplements-environnement d'un ensemble de facteurs associés à l'immigration contre l'extinction. Les isolations passées et présentes varient selon les lacs et les régions, comme la composition et la richesse des groupes régionaux d'espèces. Néanmoins, pour les peuplements de poissons des petits lacs forestiers de Suède, de Finlande, du Wisconsin (USA) et d'Alberta (Canada), 60 à 78 % de la variation est expliquée par les variables liées à l'extinction, indépendemment des facteurs liés à l'immigration ; 9 à 27 % de la variation restante sont expliqués par les deux composants. Dans les petits lacs forestiers, la sévérité des conditions abiotiques peut limiter les espèces les moins tolérantes s'il n'existe pas de refuge à ces conditions. Les interactions entre espèces, qui sont souvent intenses et peuvent augmenter la probabilité d'extinction locale (ou s'opposer à la réussite de la colonisation), peuvent ne pas avoir d'action si les espèces devant potentiellement interagir présentent une sensibilité différentielle aux rigueurs de l'environnement ou à d'autres facteurs liés à l'extinction. Nos résultats suggèrent que, peut-être parce que les taux d'immigration des petits lacs forestiers ne sont pas importants, les variables d'habitat liées à l'extinction sont les plus fortement associées aux distributions de peuplements piscicoles observés.