AMJAU, African and Mediterranean Journal of Architecture and Urbanism (Feb 2019)
BILAN HISTORIOGRAPHIQUE D’UN HÉRITAGE BÂTI : LE CAS DE L’ARCHITECTURE ET L’URBANISME AU MAROC (1880-1960)
Abstract
Traitant non pas seulement de l’époque coloniale (1912-1956), mais aussi des trente années qui la précèdent et de la décennie qui la suit, l’auteur montre comment la France inventa scientifiquement « son » Maroc, notamment par les relevés archéologiques et les analyses historiques que les méthodes du rationalisme transcrivirent ensuite en modèles architecturaux et urbains à l’usage du projet colonial. La valorisation du patrimoine bâti ancien du Maroc servit la politique menée par Lyautey, visant à reconnaître l’autre dans sa différence, certes pour mieux le dominer. L’indépendance a moins renié les pratiques patrimoniales françaises, que réorganisé leur sens. C’est à ces titres que la production architecturale et urbaine de l’épisode coloniale peut être, comme l’écrit l’auteur, considérée comme un patrimoine partagé entre la France et le Maroc. La période couverte par cette investigation s’étend de 1880 à 1960. A partir de 1880, le Maroc précolonial connaît, notamment sous le règne de Moulay Hassan Ier (1873-1894), une série d’événements et de transformations politiques et socioculturelles marquées par la publication d’une abondante littérature et récits de voyages d’un caractère et objectif particuliers pour l’entreprise coloniale de l’Empire français de la IIIe République. Plus délicate à établir, la borne ultime correspond non à la coupure politique de 1956, mais à la transition plus complexe qui caractérise le Maroc du début des années 1960.