Revue Nature et Technologie (Aug 2022)
La mise en culture des terres de parcours : quantification d’une menace à la durabilité des écosystèmes forestiers du Moyen Atlas Central (cas de la province d’Ifrane, Maroc).
Abstract
durabilité des ressources forestières de cette zone, abritant la cédraie la plus étendue du Maroc. Malgré la reconnaissance des impacts négatifs du phénomène de la mise en culture sur les espaces forestiers de la province (dépérissement des arbres par écimage et ébranchage effectués par les bergers, dégradation du tapis herbacé des espaces forestiers, etc.), l’ampleur de ce phénomène reste à démontrer. Le présent article se propose de quantifier l’extension de la mise en culture aux dépens des terres de arcours, et d’analyser l’évolution et la dynamique de ce phénomène au cours du temps. La méthodologie adoptée s’appuie sur l’analyse diachronique de l’occupation du sol sur l’ensemble de la province d’Ifrane entre 1987 et 2012 sur la base des données satellitaires (images Landsat et Spot). Les cartes d’occupation du sol ont été produites à travers une classification supervisée par arbre de décision. Elles permettent, suite au calcul des superficies des occupations « parcours » et « terres cultivées », de mettre en évidence une réduction de la superficie des terres de parcours de 94446 ha, face à une augmentation des superficies occupées par les cultures de 94461 ha. La mise en culture s’étend avec un rythme moyen annuel de 3778,4 ha/an aux dépens des terres à usage pastoral collectif, conduisant à une perte annuelle de 616241,26 unités fourragères. Ces dernières sont compensées par la surexploitation du tapis herbacé et arbustif des parcours forestiers, mais aussi du feuillage des arbres forestiers par émondages, effectués par les bergers en période de disette (entre octobre et décembre).