Flamme (Mar 2023)
Ville africaine, ville en crise : la question de la dérive urbaine chez Kossi Efoui, Mũkoma wa Ngũgĩ et Teju Cole
Abstract
Kossi Efoui – Solo d’un revenant (Le Seuil, 2008) –, Mũkoma wa Ngũgĩ – Là où meurent les rêves (L’Aube, 2018) – et Teju Cole – Chaque jour appartient au voleur (Zoé, 2018) –, représentent dans leurs œuvres des villes africaines marquées par des fractures sociales et des violences insoutenables. Celles-ci se révèlent sous la forme d’une architecture urbaine de la séparation (check-point, frontière, ligne de démarcation...) et la mise en avant des traces de l’indifférence collective qui inspirent au personnage, de retour dans son terroir, un profond sentiment d’étrangeté. M’appuyant sur les postulats théoriques et méthodologiques de la géocritique (Westphal, 2007, 2011), les concepts de déterritorialisation/reterritorialisation (Deleuze et Guattari, 2005 [1991]) et de pouvoir (Foucault, 2008), je me propose d’étudier la dérive en ces villes désormais villes en crise, définie comme une activité fastidieuse et dans une large mesure difficile en raison, d’une part, de l’état permanent d’insécurité qui y sévit et, d’autre part, du fait de la condition fragile de leurs habitants. J’analyse aussi les configurations spatiales des villes africaines et leurs tracés comme l’expression d’une sourde bataille entre le monde occidental et l’Afrique ; la face la plus hideuse de sa manifestation étant le contraste saisissant entre l’indescriptible misère des autochtones et le luxe insultant des allogènes, ici les corporations capitalistes.
Keywords