SHS Web of Conferences (Jul 2014)
Continuité et volonté d’innovation dans les définitions des catégories grammaticales : l’exemple des Idéologues
Abstract
Si l’existence de l’École Normale de l’An III ne fut qu’éphémère, elle a joué le rôle d’un laboratoire théorique de l’harmonisation des méthodes d’enseignement. Les conférences de Sicard et de Garat, professeurs à l’École Normale, sont bien complémentaires et ont certainement été écrites avec la volonté de produire des textes de référence dont le contenu servirait à influencer l’enseignement. C’est une rupture avec l’enseignement mécanique qui ne compte que sur la mémoire et l’imitation, rupture qui se sert de l’analyse comme mot d’ordre. Nous étudierons trois catégories grammaticales, discutées par Sicard et Garat, et leur développement dans les manuels de grammaire au début du dix-neuvième siècle : « phrase incidente », « verbe auxiliaire », « ellipse ». On analysera l’influence de ces concepts syntaxiques sur les manuels scolaires pour l’enseignement du français langue étrangère. Si l’on veut comprendre la production textuelle à l’École Normale, il est important de ne pas oublier qu’il s’agissait de donner des « leçons sur la meilleure méthode de les enseigner [les = les langues], et ces méthodes [...] seront tracées par des hommes dont la réputation est faite dans l’Europe » (Séances 1800-1801 : 1, VII). C’est une nouvelle forme de communication qui domine l’enseignement dans cette école et qui met les idées, le discours et la parole dans une nouvelle relation qui ne restera pas sans conséquences pour la conceptualisation linguistique. À partir d’une capacité linguistique déjà acquise, l’art de parler et de causer, les enfants apprendront la grammaire, et par ce moyen, perfectionneront leur raisonnement.