Glottopol (Jul 2020)
La langue bretonne : une visibilité toute en retenue
Abstract
En ce début de XXIe siècle la langue bretonne est à la croisée des chemins : elle bénéficie d’une visibilité jamais atteinte auparavant, mais parallèlement sa transmission intergénérationnelle est devenue l’une des plus faibles parmi les langues dites régionales. Dans cet article nous examinons cette visibilité qui prend naissance dans les années 80, notamment avec la mise en place d’une signalisation bilingue. C’est aussi en 1977 que les écoles immersives Diwan furent créées, posant clairement le problème de la transmission intergénérationnelle. Tout ce militantisme s’appuyait sur une mémoire linguistique liée à l’abandon massif de la transmission de la langue dans les années 60. Plus tard, ce même militantisme, permettra la création de l’Office Public de la Langue Bretonne en 1999 (devenu EPCC de la Région Bretagne). L’Office est aujourd’hui la vitrine de la politique linguistique de la Région, en coordonnant et en impulsant. Nous examinons la place et l’organisation des « communautés linguistiques impliquées dans le processus de revernacularisation : rôle de structures comme les Ti ar Vro, rôle des réseaux sociaux (milieux (néo-)urbains, (néo-)ruraux). Une partie des conclusions que nous donnons repose sur nos enquêtes personnelles. La question se pose aussi du cadre juridique dans lequel les locuteurs peuvent être acteurs de la transmission, de la pérennisation et du devenir linguistique de leur propre langue (ou langue seconde, s’il s’agit de récupération linguistique). La ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires par la France est-elle toujours d’actualité, et quelle en serait la portée ? L’affaire du ñ (prénom Fañch), que nous évoquons en annexe, montre que les blocages ne sont pas près d’être levés.
Keywords