Revue d'Études Autochtones (Jan 2022)
La mise en récit des paysages comme outil de résistance et de décolonisation : le cas de la rivière Nastapoka (Nunavik)
Abstract
Le processus de création du Parc national Tursujuq (Nunavik) a été initié par le gouvernement québécois en 1992, mais les populations locales eeyouch et inuit n’ont participé directement qu’à partir de 2006. À cette époque, un plan d’aménagement relativement élaboré était déjà déterminé pour le secteur ; l’étude des consultations publiques révèle un sentiment d’impuissance face à ces projets approuvés d’avance par les ministères, malgré la constitution d’un comité local d’harmonisation impliquant des membres de la communauté. C’est du moins ce que laisse croire le cas de la rivière Nastapoka, réservée pour un développement hydroélectrique dès 2002, et apparemment indiscutablement exclue des limites du parc malgré les demandes unanimes de la population pour la protéger. Cet article vise dans un premier temps à mieux comprendre le sentiment d’impuissance vécu par les populations locales, dû à l’inefficacité du processus démocratique de consultation citoyenne de même qu’à la position coloniale du gouvernement québécois par rapport aux peuples autochtones, une position renforcée par le rôle symbolique de l’hydroélectricité dans la définition de l’identité nationale. Dans un second temps, une analyse des discours liés à la rivière Nastapoka permettra de comprendre comment la mise en récit du paysage peuvent permettre aux populations autochtones de (re)prendre le contrôle de l’histoire et de la signification symbolique de celui-ci, donc d’en influencer l’aménagement.
Keywords