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La résilience du ne en français contemporain : étude d’un marqueur stylistique à Paris, Montréal et Marseille
Abstract
Cet article présente une nouvelle contribution à l’abondante littérature sur l’analyse de l’utilisation et de la particule négative ne en français contemporain (Je ne l’aime pas vs Je l’aime pas). Il présente une étude du corpus CaFé (Cartographie linguistique des féminismes), composé de 102 entretiens sociolinguistiques semi-dirigés réalisés à Montréal, Paris et Marseille en 2021 et 2022 avec des militant.es féministes et queer (2 millions de mots). Il met en lien la variabilité dans la réalisation du ne avec un facteur linguistique (type de sujet) et plusieurs facteurs discursifs (forme d’adresse, thèmes abordés, personnes connues/non connues de la chercheuse) et sociodémographiques (âge, éducation, engagement, ville). L’analyse de 25 560 négations montre que le type de sujet, l’âge, les thèmes abordés et la relation entre la chercheuse et les personnes enregistrées ont un effet significatif sur la réalisation du ne, comme l’ont montré de nombreuses études. L’originalité de notre étude tient au fait que le corpus CaFé permet une comparaison directe entre les trois villes. Cela révèle qu’il y a une variation dialectale très limitée et que les taux d’emploi du ne sont très semblables dans les trois souscorpus: 11.22 % à Paris, 10.75 % à Marseille et 8.87 % à Montréal. La variation dialectale est limitée à un contexte morphosyntaxique précis: les sujets lexicaux non redoublés par un pronom. Notre étude souligne l’importance de construire des corpus comparables pour étudier la variation sociale et dialectale.