Recherches (Dec 2015)

Le fou dans le théâtre espagnol des années 1920, une figure de crise

  • David Coste

DOI
https://doi.org/10.4000/cher.3882
Journal volume & issue
Vol. 15
pp. 221 – 230

Abstract

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Au sortir de la première Guerre Mondiale l’Europe affronte une crise de la pensée et des représentations dont les prémices remontent à la fin du xixe siècle. La guerre, la nouvelle physique et le freudisme, entre autres, ont jeté le trouble sur l’idée d’une connaissance totale qui prévalait jusqu’alors. À cette crise mondiale s’ajoute en Espagne une crise identitaire profonde d’un pays qui se cherche, qui veut se positionner par rapport au reste de l’Europe et rompre avec la « Leyenda Negra » d’une nation terrée dans le marasme tant économique que culturel. Dans ce contexte, le théâtre, art social par excellence, semble tourner le dos à l’Histoire en se voulant un pur divertissement. Il est en crise parce qu’il ignore la réalité critique que vit le peuple espagnol. Le personnage du fou, vient alors cristalliser sur scène cette crise aux multiples facettes dans plusieurs dramaturgies des années 1920. La veine d’un théâtre « psychanalytique », naît à l’aune des découvertes freudiennes et met en scène un malade en conflit avec son être profond qu’il méconnaît. Cette communication se propose d’analyser ce personnage comme témoin et porte-parole d’une crise existentielle qui est bien sûr collective et fait écho, plus largement, à une crise historique nationale. Ce faisant, nous nous interrogerons sur la portée esthétique de cette peinture du fou malade. Renouant avec l’Histoire, le théâtre espagnol de l’époque ne s’engage-t-il pas ainsi sur la voie d’une sortie de crise, initiant une possible réponse au problème de la « re-théâtralisation » si cher aux dramaturges et intellectuels de l’époque ?

Keywords