Lien Social et Politiques (Jan 2019)
Transition écologique et trajectoires sociales : les traducteurs de la mobilité durable à Mexico entre expertise internationale et politique locale
Abstract
Cet article cherche à comprendre les ressorts de la « transition » vers une mobilité urbaine durable engagée depuis le début des années 2000 dans la ville de Mexico, en dépit d’une configuration politique défavorable. En s’appuyant sur une enquête ethnographique, il analyse le processus de traduction opéré à partir des années 1990 par les membres d’un collectif de cyclistes. Occupant initialement une position marginale vis-à-vis des réseaux des partis politiques, ces agents parviennent progressivement à mettre à l’agenda de la « transition » vers une mobilité durable, en valorisant des ressources expertes et internationales. Par le biais de stratégies de professionnalisation et d’entrisme dans les administrations, ils impulsent le développement de modes de transport collectifs et peu polluants. Face aux contradictions persistantes de l’action publique en la matière, ils cherchent finalement à faire usage de leur insertion dans le champ politico-administratif pour garantir l’autonomie de leur contribution, par la mise en place d’un nouveau cadre légal tributaire des ressources spécifiques de l’expertise internationale. L’analyse de ce processus met en lumière la nécessité d’étudier les « trajectoires de transition » à l’aune des trajectoires sociales des agents qui les promeuvent. La « transition » vers une mobilité durable est ainsi conditionnée à Mexico par une transformation de l’espace social de production des politiques urbaines, marquée par l’émergence d’agents porteurs de légitimités nouvelles qui opèrent des déplacements et des échanges entre différents champs. Ces mouvements révèlent, davantage qu’une opposition entre capital politique local et expertise internationale, des logiques complexes de transfert entre ces deux types de ressources.
Keywords