INRAE Productions Animales (Apr 2001)

Les liens sociaux chez les ruminants d’élevage : limites et moyens d’action pour favoriser l’intégration de l’animal dans son milieu

  • A. BOISSY ,
  • R. NOWAK,
  • P. ORGEUR ,
  • I. VEISSIER

DOI
https://doi.org/10.20870/productions-animales.2001.14.2.3727
Journal volume & issue
Vol. 14, no. 2

Abstract

Read online

Les ruminants d’élevage appartiennent à des espèces grégaires. Leur organisation sociale est basée sur des relations stables de dominance - subordination qui assurent en élevage la résolution de nombreux conflits inhérents à la promiscuité entre les animaux. L’organisation sociale repose également sur des relations d’affinité qui assurent la cohésion du groupe et accroissent la tolérance entre les animaux dans les situations de conflit. En outre, les relations d’affinité participent étroitement à l’adaptation de l’animal à son milieu d’élevage puisque les partenaires influencent la réponse de l’animal aux éléments qui l’entourent. Tout au long de sa vie, l’animal établit des liens privilégiés avec certains de ses partenaires. Dès sa naissance, si la possibilité lui en est donnée, le jeune herbivore développe rapidement avec sa mère une relation préférentielle quasi-exclusive. Par la suite, même si le lien maternel demeure très fort, le jeune se lie également à d’autres membres du groupe, en particulier à sa fratrie ou à ses compagnons de même âge. Plus tard, la séparation maternelle qu’impose le sevrage réalisé par l’homme, exacerbe transitoirement la motivation sociale du jeune à l’égard de ses partenaires, voire à l’égard d’individus d’autres espèces tel l’homme. Une telle plasticité dans les comportements sociaux existe également chez l’animal adulte : en particulier, l’attraction sociale diminue chez la femelle pré-parturiente qui tend à s’isoler du troupeau dans la période de la mise bas. Une meilleure connaissance du comportement social des ruminants d’élevage doit permettre de proposer des aménagements pour mieux adapter la conduite d’élevage aux besoins sociaux des animaux. En outre, la construction dynamique des liens d’affinité laisse entrevoir certaines périodes clefs au cours de l’élevage comme autant de leviers d’action dont une meilleure exploitation en élevage pourrait faciliter l’intégration de l’animal à ses conditions de vie ultérieures. Ainsi, que ce soit par l’aménagement de conduites plus respectueuses des besoins sociaux des animaux ou par l’action sur les périodes de transition sociale, l’adaptation et le bien-être des animaux en élevage s’en trouveront considérablement accrus.