Lien Social et Politiques (Jan 2017)
Des agents locaux aux prises avec une catégorie floue d’action publique. Enquête sur la « santé publique » dans une commune populaire de la banlieue parisienne
Abstract
À partir d’une enquête menée dans une commune populaire de la banlieue parisienne, cet article porte sur le travail des agents intermédiaires, municipaux et associatifs, responsables des politiques locales de « santé publique ». Ni professionnels de santé, ni travailleurs sociaux, ces agents – majoritairement des femmes, « cheffes de projet » ou « chargées de mission » – se situent entre les élites administratives et les agents subalternes. Il s’agit d’étudier la façon dont elles définissent et investissent cette catégorie qu’est la santé publique, qui fait objet de luttes, dans un contexte marqué par les réformes de l’État social et la « territorialisation » de l’action publique. En analysant leurs positions et dispositions, on montre comment ces agents aux missions floues et aux compétences hybrides, sont confrontés à des conditions d’emploi et de travail précaires et instables qui jouent sur leur manière de faire de la « santé publique » à l’échelle locale. La mise en cohérence de leurs pratiques, notamment par les chiffres, permet à ces salariées à cheval entre espaces municipal et associatif de créer de l’unité et de faire face à l’incertitude des financements. Tout en les critiquant, elles s’approprient les logiques de gestion venues des sommets de l’État – celles du « nouveau » management public et de la politique de la ville – pour pouvoir maintenir leurs activités, en cohérence avec leur engagement en faveur de la « santé communautaire » et de la « participation des habitants ».
Keywords