Alternatives Rurales (Oct 2016)

Valorisation de l’eau par l’élevage bovin : enseignements tirés de longs suivis d’exploitations dans le plateau du Saïs

  • Mohamed Taher Sraïri

Journal volume & issue
Vol. 1, no. 4
pp. 26 – 37

Abstract

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La contrainte hydrique constitue un facteur limitant avéré de la production agricole dans un pays aride à semi-aride comme le Maroc. Dans cette étude, la valorisation de l’eau par l’élevage bovin a été étudiée, dans des exploitations du plateau du Saïs irriguant à partir de la nappe et/ou de sources. Le protocole de recherche a caractérisé les termes de la valorisation volumétrique et économique de l’eau par l’élevage bovin, par l’adoption d’une série de visites mensuelles à quatre exploitations au cours de deux années successives : 2014 et 2015. Les objectifs de ces suivis visaient : i) la détermination des volumes d’eau utilisés, en prenant en compte la diversité de leurs origines (précipitations, eau d’irrigation de surface ou souterraine, et eau virtuelle correspondant aux volumes utilisés pour la production des aliments achetés à l’extérieur de l’exploitation), ii) les quantités de biomasse des fourrages fauchés, iii) le suivi des rations distribuées aux vaches et celles destinées à leur descendance ainsi que leurs contenus en nutriments (énergie et azote), et iv) les quantités de lait et de viande produites. Les résultats démontrent que l’élevage bovin est surtout lié à l’eau pluviale et, à un degré moindre, à l’eau virtuelle puisque ces sources hydriques représentent respectivement 52,5 et 31,7 % des besoins totaux pour produire du lait et 37,9 et 57,5 % pour produire de la viande. L’élevage bovin ne mobilise que très peu l’eau souterraine qui représente en moyenne 7,6 et 0,7 % des besoins hydriques pour produire du lait et de la viande. Les empreintes hydriques moyennes pour les productions bovines, définies comme la somme des consommations d’eau de toutes origines, étaient respectivement de 1,33 m3 par litre de lait et 7,5 m3 par kg de poids vif. Les valorisations économiques de l’eau d’irrigation par l’élevage bovin étaient de 3,8 et 15,5 DH par m3 lorsque cette ressource était utilisée respectivement pour la production de lait ou de viande. Ces résultats confirment les besoins en eau conséquents de l’élevage, avec des empreintes hydriques proches des références internationales en la matière. Ces résultats montrent l’intérêt d’intégrer les cultures et l’élevage au sein des exploitations agricoles au vu de l’efficacité de ce dernier pour la valorisation de l’eau pluviale. Ce constat renforce l’élevage comme voie d’instauration de systèmes agraires durables dans des zones de « bour favorable », puisqu’il n’aggrave pas les mobilisations en eau souterraine, alors que cette dernière est déjà surexploitée dans de nombreuses régions du pays par des cultures avec des pics de besoins en été, comme le maraîchage ou l’arboriculture.

Keywords