INRAE Productions Animales (Feb 1993)

Les camélidés sud-américains : le point des connaissances

  • M. PRUD’HON,
  • R. CORDESSE,
  • S. De ROUVILLE,
  • J. THIMONIER

DOI
https://doi.org/10.20870/productions-animales.1993.6.1.4182
Journal volume & issue
Vol. 6, no. 1

Abstract

Read online

L’élevage de camélidés sud-américains a pu être envisagé dans le cadre d’une politique d’entretien de l’espace et de diversification des productions. Cette étude bibliographique permet de mieux évaluer les possibilités et les limites de ces espèces. Il existe quatre espèces de camélidés sud-américains, deux sauvages, le Guanaco et la Vigogne, et deux domestiques, l’Alpaga et le Lama. Elles vivent sur les hauts plateaux andins. Alpagas et lamas peuvent se reproduire en toutes saisons. La reproduction présente des traits originaux : les mâles, pubères à un an, sont handicapés jusqu’à deux ans par des adhérences préputiales et sont rarement exploités avant trois ans. Chez la femelle, l’ovulation, simple le plus souvent, est provoquée par l’accouplement. Un seul foetus se développe, toujours dans la corne gauche de l’utérus. La gestation dure 345 jours environ. Le réaccouplement est possible peu après la parturition. Les jeunes pèsent 7-8 kg (alpagas) à 10-11 kg (lamas) à la naissance. Le sevrage a lieu vers 7 à 9 mois. Alpagas et lamas sont des ruminants, caractérisés par un estomac à 3 compartiments, sans homologie avec les quatre compartiments de l’estomac des ovins, bovins et caprins. Leur contenu, très sec, est riche en bactéries. Les alpagas consomment essentiellement de l’herbe, même en touffes hautes et grossières ; ce sont des "pâtureurs". Les lamas, normalement "pâtureurs", consomment aussi, de façon minoritaire, des espèces arbustives si l’herbe se fait rare. Alpagas et lamas mangent généralement moins que les ovins et caprins (30 à 55 g MS/kg P0,75 selon les fourrages, soit 20 à 40 % de moins à régime comparable). L’utilisation digestive des matières organiques et azotées est égale (fourrages de bonne qualité) ou supérieure (fourrages grossiers, pauvres en protéines) à celle de ces deux espèces. Les camélidés sud-américains coexistent sans problème avec les petits ruminants ; leur organisation sociale (hiérarchie, protection du troupeau) nécessite un minimum de précautions dans la conduite des animaux. La principale production des alpagas est leur toison formée de fibres fines (25 à 30 μ) et médullées, d’un rendement élevé (80 %) mais d’un poids modeste (1,7 et 2,8 kg chez les femelles et les mâles). Les lamas ont des toisons plus grossières comportant également des poils. Elles sont utilisables en artisanat. En France, il n’existe encore aucune étude économique sérieuse qui permette d’inciter les éleveurs à investir dans l’élevage de camélidés sudaméricains.