Revue Marocaine des Sciences Agronomiques et Vétérinaires (Jun 2019)
Caractérisation de la dégradation spécifique des sols pour la région septentrionale du Maroc
Abstract
L’érosion hydrique est un processus majeur de dégradation des sols. Au Maroc, elle est considérée comme la principale cause de désertification. Elle entraîne une réduction du potentiel productif des sols et l'envasement des retenues de barrages conduisant à une perte du volume d'eau mobilisable et remettant en cause la durabilité de ces ouvrages hydrauliques. Des effets négatifs sont répercutés dans les domaines de la production de l'énergie électrique, de l'approvisionnement en eau potable et de l’irrigation. Face à l’ampleur de ce fléau, le Maroc doit multiplier ses interventions pour évaluer les conséquences de la dégradation des sols et mettre au point des programmes de conservation appropriés. Dans ce contexte, un échantillon de 15 barrages localisés au niveau de la région septentrionale du Maroc a été sélectionné en vue d’analyser l’envasement sur des périodes de 8 à 47 ans. Les données bathymétriques ont été fournies par la DRPE (Direction de la Recherche et de la Planification de l’Eau). Le présent papier a pour objectifs de i) caractériser la Dégradation Spécifique (DS) de la région septentrionale du Maroc à travers l'étude de 15 bassins versants ; ii) d'en déduire une gamme de variabilité de la DS dans cette région et iii) d'évaluer la pertinence de modèles simples basés sur la surface du bassin, ou la combinaison de la surface et de la lame écoulée moyenne annuelle, pour prédire la DS.L’approche adoptée repose sur la confrontation d'une mesure actualisée de la Dégradation Spécifique (DS) dérivée des levés bathymétriques avec des évaluations de cette dernière à l'aide de modèles établis pour prédire l’envasement des barrages au Maroc. L’analyse de l’alluvionnement des retenues de barrages par le dépouillement des levés bathymétriques sur des périodes allant de 8 à 47 ans montre un envasement total moyen annuel d’environ 0,6*109 m3, soit 13 % de la capacité totale initiale qui est de l’ordre de 4,6*109 m3 et une variabilité de la dégradation spécifique allant de 172 à 5365 t km-2an-1, soit un rapport de 1 à 31. Enfin, cette étude montre la très forte variabilité des performances de prédiction de la dégradation spécifique basées sur des modèles simples utilisant la surface de bassin et la lame écoulée. Mots clés : Érosion hydrique, Barrages, Envasement, Dégradation Spécifique, Maroc