SHS Web of Conferences (Jul 2012)

Echelles de temps et échelles d’objets dans l’histoire de la grammaire française

  • Auroux Sylvain

DOI
https://doi.org/10.1051/shsconf/20120100337
Journal volume & issue
Vol. 1
pp. 1 – 2

Abstract

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Les historiens ont coutume d’enraciner leur discipline dans le « récit » et, par conséquent, d’admettre que la « ligne » de l’histoire est celle d’une temporalité linéaire à quoi se résume la chronologie. Les historiens des sciences ont le plus souvent suivi cette tendance générale, et, cela, pour deux raisons principales. D’abord, ils ont suivi la tentation d’une « histoire » des grands hommes de science et, donc, de la suite des générations. Ensuite, la science est un processus dont on attend non seulement un résultat, mais une suite de résultats. Comme « science » nous n’aurions pas la même représentation de la physique si nous n’étions pas capables de faire une liste de « découvertes ». Je ne connais pas une science humaine qui dispose d’une pareille représentation, même si, sur de courtes périodes, et sur des objets précis on peut en approcher (par exemple en linguistique avec les lois de la grammaire comparée). Quand on se trouve devant une « histoire-récit » de la grammaire française, on se trouve le plus souvent confronté à une série (plus ou moins complète) d’auteurs et d’ouvrages. Même si on peut parfois l’inférer à la lecture du texte on ne trouve guère de datation, et surtout pas de listes d’ « inventions » ; on ne suit pas des thématiques qui évolueraient comme dans la physique. Tout ce que l’on admet généralement, c’est le progrès quantitatif des phénomènes abordés et des règles, ou de grands changements théoriques qui rendraient caduques les études antérieures. La grammaire française serait-elle une discipline chaotique qui ne relève d’aucun processus de cumulation ? Nous nous proposons, plutôt que de juger une discipline en tirant des conclusions qui relèvent clairement du choix d’un modèle particulier (le « récit ») pour l’histoire, d’interroger ce modèle à partir d’une étude des propriétés de notre objet, la grammaire française.