Nauki o Wychowaniu (Oct 2024)
Dialogues entre Freire, Wallon et Vygotsky : place et rôle de l’affectivité dans le processus éducatif
Abstract
Cet article s’inscrit dans le cadre d’une thèse du premier auteur, dirigée par les deux derniers auteurs. L’objectif ici est de réaliser une réflexion sur la proposition d’être dans le monde, vue à partir des perspectives de Paulo Freire, Henri Wallon et Lev Vygotsky, ainsi que sur ses implications affectives et culturelles dans l’acte d’enseigner. Pour Freire (1996), l’acte éducatif est un processus de déconstruction de la dégradation produite par le néolibéralisme dans les sociétés contemporaines. C’est une lutte constante, consciente et une prise de conscience des classes exploitées sur les mécanismes de la déshumanisation de l’Homme. Dans ce contexte, le rôle et la place de l’enseignant sont constamment confrontés à un univers socio-affectif, en impactant la manière dont les étudiant(e)s s’impliquent dans la construction du sens dans le processus formatif. Le modèle d’éducation appelé par Freire (1981) éducation bancaire, qui prévaut encore dans les structures d’enseignement contemporaines, ne suffit plus à répondre aux besoins actuels de la société cybernétique. C’est pourquoi le besoin de former des professionnels aux compétences relationnelles est devenu plus évident au cours du présent siècle. Dans cette scène, Vygotsky et Wallon sont convoqués dans cet article pour une meilleure compréhension des processus psychiques de construction de significations imprégnés d’affectivité. Wallon (1968), en démontrant que l’affectivité est le premier mécanisme par lequel l’être humain se rapporte au monde. Vygotsky (1998) en proposant que l’affectivité est une partie constitutive de la culture, qui influence le développement des fonctions psychologiques supérieures, sans lesquelles la puissance génétique ne serait pas réalisée. Avec leurs recherches, ces auteurs ont démontré que l’affectivité et la culture sont essentielles dans la construction des significations, dans les structures relationnelles, indéniablement marquées par la présence d’affects. Ces théoriciens nous aident aussi à comprendre que la formation des enseignant.e.s est fortement marquée par le modus operandi du cartésianisme, n’étant plus en mesure de répondre aux exigences actuelles de la société, en favorisant la distance entre les sujets du processus éducatif, ce qui a conduit à un mouvement de déshumanisation. Pour que l’enseignant réussisse dans ses activités, il est nécessaire de reconnaître les variables socioculturelles avec lesquelles il entend travailler, de connaître le langage représentationnel et symbolique que cet «autre» possède déjà pour, à partir de cette réalité déjà construite, chercher à établir des liens sémantiques et affectifs avec la réalité environnante, dans un premier acte, et avec la culture historico-scientifique accumulée par la société, dans un second moment. L’acte de mise en relation est en soi, a priori, un acte éducatif, puisque, selon Freire « Personne n’éduque personne, personne ne s’éduque lui-même, les Hommes s’éduquent entre eux, médiatisés par le monde » (Freire 1981 : 79).
Keywords