Revue Internationale de Politique de Développement (Nov 2012)

Effets économiques de l’aide publique au développement en suisse

  • Gilles Carbonnier,
  • Alain Schoenenberger,
  • Milad Zarin,
  • Moez Ouni,
  • Lorenzo La Spada

DOI
https://doi.org/10.4000/poldev.1284

Abstract

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Cette étude porte sur les effets des dépenses d’aide publique au développement (APD) sur l’économie suisse. Elle examine les apports générés par les dépenses d’APD sur le produit intérieur brut (PIB) et sur l’emploi en Suisse pour l’année 2010. Il s’agit de la cinquième étude du genre, après celles de 1994, 1998, 2002 et 2006. Ce rapport présente les résultats de manière détaillée. Un résumé synthétique a été publié séparément sur les sites Internet de la DDC1 et du SECO2 en février 2012.L’approche méthodologique consiste à évaluer les retombées économiques induites par les achats de biens et services ainsi que par les salaires versés au titre de l’APD. Dans une première étape, l’étude calcule l’incidence de l’APD sur la demande globale3 en Suisse. Ensuite, elle évalue l’effet multiplicateur de cette hausse initiale de la demande sur le produit intérieur brut (PIB) suisse, ce qui permet finalement d’estimer l’impact en termes d’emplois, en fonction de la productivité moyenne du travail en Suisse. Les résultats de cette étude démontrent à nouveau que les dépenses d’APD génèrent des effets clairement positifs pour l’économie suisse. Pour l’année 2010 :- en conservant les mêmes hypothèses de calcul que pour les études précédentes, le volume total de l’APD, de 2,4 milliards de CHF suisses, a généré un apport de revenus de 3,6 milliards de CHF. Autrement dit, chaque CHF d’aide a généré, en moyenne, des retombées de 1,55 CHF sur le PIB suisse. Sur la base de la productivité moyenne du travail en Suisse, les retombées sur le marché du travail sont estimées à 25 000 emplois à plein temps ;- en révisant certaines hypothèses de calcul pour refléter l’évolution de la composition de l’APD et afin d’éviter tout risque de surévaluer les résultats, les retombées par CHF d’APD sur le PIB se montent à 1,29 CHF en moyenne, et l’incidence sur le marché du travail à 20 800 emplois.Ces effets sont substantiels, mais ne traduisant pas une volonté de la Suisse de lier son APD bilatérale à des achats de biens et services suisses. Ces effets tendent néanmoins à sous-estimer les retombées positives de l’APD sur l’économie suisse à long terme : il s’agit par exemple des compétences acquises par le personnel suisse dans le cadre des projets de coopération au développement, ou des relations d’affaires établies par les entreprises suisses grâce à l’APD qui peuvent favoriser à long terme les exportations suisses vers les pays en développement partenaires.Comme le montre ce rapport, les effets économiques suscités par les dépenses d’APD ont augmenté de manière significative entre la précédente étude de 2006 et la présente étude (2010). Ceci s’explique notamment par deux évolutions notables quant à la structure de l’APD: Le volume des remises de dette tend à varier fortement d’une année à l’autre, à la hausse comme à la baisse. Or il se trouve que la part des remises de dette a baissé de 5,9% de l’APD en 2006 à 1,3% seulement en 2010. Du fait que ces remises n’entraînent aucune dépense en Suisse, la part relative de telles opérations comptabilisées au titre de l’APD qui n’induisent aucun effet sur le PIB et l’emploi en Suisse a baissé entre 2006 et 2010.Par contre, les montants liés à l’assistance aux requérants d’asile en Suisse ont augmenté de 130 % pour atteindre 15,9 % du volume total de l’APD. La totalité de ces montants sont dépensés en Suisse, entraînant un effet important sur la demande globale. Depuis 2004, l’APD de la Suisse inclut les dépenses d’aide au retour et d’assistance aux requérants d’asile en provenance de pays en développement suivant les douze mois de leur arrivée en Suisse, conformément à la pratique d’une majorité des pays donateurs et aux directives du Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

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