Revue d'Études Autochtones (Jan 2022)
« La porte où ils vont passer » : paysages industriels et persistance des patrimoines intangibles autochtones
Abstract
Cet article explore les défis et les opportunités pour maintenir, revitaliser et valoriser le patrimoine culturel autochtone dans les paysages industrialisés, en particulier les voies fluviales transformées par le développement hydroélectrique. L’analyse est basée sur des recherches collaboratives avec les Pekuakamiulnuatsh (Mashteuiatsh, Québec). Malgré les inondations, détournements, relocalisations et pertes d’accès à divers sites d’importance culturelle et spirituelle sur la rivière Péribonka, beaucoup de membres de la communauté conservent un sens aigu de la nature de leur patrimoine dans ces environnements transformés et veulent maintenir sa transmission. C’est parce qu’à la base, une grande part de ce patrimoine est intangible que la transformation des lieux ne les soustrait pas de la vision territoriale des porteurs de cultures. En nous concentrant sur le lieu-dit Katimaweshu, nous analyserons l’importance de développer des mécanismes de reconnaissance et protection des lieux patrimoniaux autochtones qui soient à la fois alignés sur les cadre internationaux (notamment celui de l’UNESCO), tout en reflétant l’ontologie des utilisateurs du territoire. La capacité des Peuples autochtones à promouvoir et protéger leur patrimoine est modulée non seulement par le passé colonial mais aussi par les pressions liées au développement industriel qui se poursuit sur leurs territoires. Cet article postule que la part intangible des patrimoines autochtones représente une opportunité pour leur revitalisation dans les environnements transformés. Finalement, il propose des avenues pour mieux définir et encadrer la mise en valeur, de même que la transmission, de ce type d’héritage – en particulier dans les lieux où cet héritage n’est plus, selon les observateurs externes, alors qu’il perdure pourtant dans la mémoire intergénérationnelle.
Keywords