Caliban: French Journal of English Studies (Nov 2017)

Lawrence Durrell’s Mediterranean Hinterland: the Secret Flow of the Poet’s Heraldic Universe

  • Isabelle Keller-Privat

DOI
https://doi.org/10.4000/caliban.4676
Journal volume & issue
Vol. 58
pp. 115 – 134

Abstract

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Cet article examine comment Lawrence Durrell revisita et refaçonna sa Grèce intime dans le roman The Black Book publié en 1938, le recueil de poèmes A Private Country publié en 1943 et le récit de résidence Prospero’s Cell publié en 1945, alors qu’il avait été forcé de fuir, avec d’autres amis artistes en exil, la Grèce envahie par l’armée allemande. A Private Country constitue un tombeau littéraire au pays plongé dans un chaos qui signe la fin des années heureuses tandis que The Black Book, que Durrell envoie à son ami Henry Miller avec quelques "nouveaux poèmes", est présenté par l’auteur comme le travail d’ "un prisonnier qui écrit sur le mur avec un clou rouillé pour ne pas devenir fou." Le lecteur est alors conduit à se demander si la tentative de surmonter la perte de la mer ionienne qui ouvrait The Black Book en 1938 a échoué, si cet "agon" (Durrell 1977, 19) finira jamais. Prospero’s Cell et A Private Country cherchent comment accepter et transcender la division fondamentale du paysage méditerranéen initialement mis en scène dans The Black Book. Lawrence Durrell a ainsi recours aux différents genres littéraires de la fiction, du récit de voyage et de la poésie pour tenter de recomposer l’unité perdue : celle d’une Méditerranée dont il sait qu’elle se dérobera toujours. Il s’agit ici de montrer comment la poésie constitue la réponse à cet échec. En s’immisçant dans la prose, la poésie durrellienne, qui procède de la fragmentation et de l’ellipse, acquiert une densité et une épaisseur qui résistent à l’anéantissement. La poésie du monde grec devient alors l’arrière-pays secret de cet univers héraldique dont Lawrence Durrell n’a jamais cessé de revendiquer la création.

Keywords