Interfaces Numériques (Feb 2022)
La complexité herméneutique à l’épreuve du calcul
Abstract
Les textes offrent la possibilité de manipulations calcultoires via leur matérialité sémiotique : les symboles informatiques codant les caractères permettent la mobilisation d’algorithmes et outils informatiques. Cependant, ces traitements butent sur ce que nous appelons la duplicité du sémiotique, selon laquelle les symboles informatiques ne sont pas des signes dans la mesure où les premiers ne signifient rien contrairement aux seconds : les calculs sont effectués indépendamment de l’interprétation des signes textuels. Manipulation computationnelle et interprétation herméneutique sont donc hétérogènes et distincts, la première ne peut qu’approximer et simuler la seconde. Cet écart procède de la nature du sens et de ce qui manque aux machines pour y accéder. Cet article considère les différents types de complexité, analytique, synthétique et herméneutique pour voir dans la dernière ce qui résiste à réduction calculatoire. Ce constat est approfondi en revenant à la constitution phénoménologique du sens et ce qui fait que le sens d’un texte n’est accessible qu’à une entité ayant la notion d’un environnement qui l’excède et d’un ailleurs qui lui manque. Cet écart irréductible ne disqualifie pas l’intérêt des traitements algorithmiques : ils permettent bien au contraire de s’émanciper des contraintes du sens. Mais les résultats doivent être finalement repris et réassumés dans une entreprise herméneutique, pour transformer les données résultats en textes à comprendre.
Keywords