Akofena (Mar 2024)

Parcours thérapeutique des personnes victimes de sorcellerie : cas de problème de procréations à Mahajanga

  • Jean Baptiste RAKOTOARIVELO & Guy RAZAMANY

DOI
https://doi.org/10.48734/akofena.n011v3.14.2024
Journal volume & issue
Vol. 03, no. 11

Abstract

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Résumé : À travers les âges, la religion a été étroitement liée à la médecine, où les médecins, qu'ils soient de la tradition hippocratique, des exorcistes chrétiens, des praticiens musulmans ou des féticheurs, font appel à l'intervention divine pour faciliter les processus de guérison. Cette association découle de la nécessité d'éviter les forces maléfiques qui pourraient entraver le processus de guérison. Dans le contexte actuel, le premier itinéraire suivi par un couple en quête de descendance à Mahajanga les conduit vers les sage-femmes et/ou les médecins gynécologues obstétriques. En cas d'anomalie menaçant la procréation, le recours à la médecine surnaturelle, fondée sur les croyances religieuses révélées ou animistes, est souvent envisagé. Lorsqu'une anomalie est détectée remettant en cause la procréation, le diagnostic se tourne instinctivement vers la source possible de cet échec : la sorcellerie perpétrée par des ennemis, avec la médiation de mauvais esprits tels que le (lolo ratsy, le setoany), ou le démon. Ces entités maléfiques portent différentes appellations selon les croyances, que ce soit du point de vue des religieux charismatiques chrétiens ou musulmans, ou des féticheurs. Leur influence perturbe l'harmonie de la vie du couple, les empêchant de concevoir. Il est impératif que ces forces surnaturelles soient conjurées par des spécialistes de la médecine surnaturelle afin d'atteindre l'objectif de procréation fixé par les patients. Une autre voie empruntée, en parallèle avec la médecine moderne, est celle de la médecine dite surnaturelle, qui vise à soigner à la fois le corps et l'esprit. Dans la dernière étape du parcours, les médecins de tradition hippocratique se consacrent enfin à la santé physique et mentale du couple pour assurer la procréation. Ces constats soulèvent des interrogations essentielles : le pouvoir des sciences médicales modernes est-il limité face à des questions médicales, justifiant ainsi un recours inévitable à la dimension surnaturelle ? La conciliation entre médecine traditionnelle et surnaturelle constitue-t-elle une garantie de guérison ? Pour répondre à ces questions, nous avons adopté la méthode PROMETHEE afin d'analyser les relations entre ces deux scénarios. Mots-clés : sorcellerie, médecine, progéniture, anthropologie imaginaire