Lien Social et Politiques (Jan 2000)
L’adoption, entre la protection de l’enfant et le projet parental
Abstract
Le lien unissant un enfant à ses parents et relayant ainsi son inscription dans un réseau plus large de parenté n'est jamais uniquement l'effet de la procréation ou de la volonté personnelle des adultes qui prennent cet enfant comme leur fils ou leur fille, qu'ils en soient ou non les géniteurs. En effet, l'établissement de la filiation est aussi un geste social soumis à la loi du groupe. Dans nos sociétés, cette loi se trouve énoncée dans des règles de droit que l'État administre et dont il est le garant, mais elle est aussi faite de normes culturelles que les individus contournent, contestent et font évoluer, et qui sont toujours potentiellement en tension par rapport au cadre juridique. En ce sens, la question de la filiation constitue l'un des lieux privilégiés de la confrontation du pouvoir étatique et des intérêts privés par rapport aux enfants. Les pratiques d'adoption légale au Québec, dont cet article fait état, s'inscrivent dans ce mouvement. Tout en étant très formalisées et contrôlées par les instances étatiques, au nom de l'intérêt de l'enfant et de la protection de ses droits, elles se sont récemment beaucoup transformées sous la pression d'autres intérêts et d'autres valeurs.