Alternative Francophone (Mar 2020)
De l’imprimé au numérique et retour
Abstract
Les auteurs ont mis en place une expérience de réception comparée visant à identifier s’il y a écart de perception selon qu’on lit une bande dessinée dans une version en album ou en format numérique. Le récit choisi est présenté, en album, dans une mise en page très régulière, et en format numérique, sous forme de diaporama proche des turbomédias en ce sens qu’on a quelquefois intégré des animations ou des mises en surbrillance de certaines portions de case. Le questionnaire conçu pour recueillir les impressions de lecture et identifier d’éventuels écarts de perception visait à prendre en compte quelques hypothèses : 1) format papier et format numérique permettraient une hiérarchisation différente des informations narratives ; 2) l’isolement des cases en format numérique ferait ressortir la force expressive des traits légèrement caricaturaux, alors que la forme de l’album nourrirait la propension du lecteur à rendre « transparent » les caractéristiques expressives du dessin ; 3) la perception du temps pour une séquence différerait entre les lectures en format papier et en format numérique. L’échantillon était constitué de douze personnes, toutes des personnes lisant significativement plus que la moyenne de la population française. L’étude montre qu’il y a peu de différences dans la hiérarchisation des informations narratives entre le sous-groupe qui a lu le récit sous forme d’album avant le format numérique et le sous-groupe qui a lu le format numérique avant l’album, si ce n’est une différence de jugement quant à la pertinence des moments d’animation pour le récit. Il n’y a pas non plus écart de perception quant à l’expressivité du dessin. Enfin, en ce qui a trait à la perception du temps, le mode d’appréhension du diaporama conduit à l’idée d’une plus grande homogénéité en égalisant l’ensemble des cases.