Acta Neophilologica (Dec 2015)
Le mythe d'Œedipe-Roi en face du "molinisme" de grandes tragédies cornéliennes
Abstract
Cet article vise à relever le dynamisme interne du drame cornélien. Le substrat sur lequel s'accomplit la comparaison est l'histoire du roi Œdipe, telle qu'elle a été inaugurée par Sophocle. Dans ce contexte, l'article explore le rôle du hasard ou l'hamartie présenté par Aristote. Il est à noter que la coïncidence prend un ascendant considérable dans la genèse de grandes tragédies (Le Cid, Horace, Cinna, La Mort de Pompée, Polyeucte, Suréna) bien que fonctionnellement elle n'apparaisse pas en toutes lettres, puisque il y a, à tout instant, un vecteur dans la disposition des événements théâtraux qui remet l'action sous l'emprise rationnelle des protagonistes. L'écrit présent explore davantage le caractère complémentaire de la notion de vraisemblance que celles du hasard et de l'hamartie. L'article consacre finalement une attention particulière à Œdipe de Corneille lui-même, révélant un paradoxe intéressant. La grande majorité de la pièce pourrait être interprétée comme la négation des forces qui, en dehors de tout contrôle, agiraient contre l'homme faisant de lui un pantin impuissant en face du destin, ce qui serait en accord avec les idées molinistes en vogue à l'époque. Pourtant les derniers vers de la tragédie éponyme raffermissent ostensiblement la prédisposition de la fatalité et semblent identifier - ex post - la pièce entière à l'enjeu qui tient en son pouvoir l'Œdipe-Roi de Sophocle. On pourrait donc fonder une présupposition que le hasard ou l'hamartie pourraient avoir plus d'emprise sur la structure profonde de l'œuvre cornélienne qu'il n'apparait au premier abord.
Keywords