Lien Social et Politiques (Jan 2017)
Le vieillissement des électeurs communistes à l’épreuve des vicissitudes du communisme municipal
Abstract
Le comportement électoral des anciens électeurs communistes au sein des quartiers populaires a souvent fait l’objet de controverses. Si une partie des recherches insistent sur la fidélité électorale qui continue de caractériser les générations ouvrières, d’autres recherches pointent au contraire la croissance de l’abstention et la progression du vote d’extrême-droite au sein de ces groupes sociaux. Cet article se donne précisément pour objectif d’interroger la diversité des trajectoires sociopolitiques des personnes âgées qui apportaient autrefois régulièrement leur soutien électoral en faveur des candidats communistes. Cette étude se fonde sur une enquête monographique et comparative de deux anciens quartiers ouvriéro-communistes de la région parisienne qui ont, depuis les années 80, connu des trajectoires sociales et politiques nettement contrastées. L’essentiel des matériaux d’enquête repose sur des questionnaires recueillis à la sortie des bureaux de vote, des entretiens et des observations. La comparaison des deux quartiers fait apparaître deux grands modèles de vieillissement. Dans le premier quartier, là où le fait communiste s’est largement émoussé, les populations âgées évoluent dans une forme d’anomie sociale et politique qui tend à nourrir la désaffiliation électorale à l’égard de l’ancien ordre politique local. À l’inverse, la revalorisation symbolique de l’autre quartier, là où les descendants de l’ancienne « aristocratie politique » locale se sont majoritairement installés, participe au maintien d’une cohésion intergénérationnelle et intragénérationnelle favorable à la fois à l’exercice de la citoyenneté à l’échelle locale, mais également au maintien d’une loyauté aux candidats communistes.
Keywords