Revue d'Études Autochtones (Jan 2021)

Pratiques médiatiques et stratégies de résistance dans l’oeuvre de Caroline Monnet : history shall speak for itself

  • Caroline Nepton Hotte

DOI
https://doi.org/10.7202/1097379ar
Journal volume & issue
Vol. 51, no. 2-3

Abstract

Read online

Depuis quelques années, on remarque plus d’études consacrées aux arts autochtones au Québec. Parmi celles-ci, on en retrouve peu sur les arts médiatiques et numériques ou alors, elles sont publiées surtout en anglais. Or, au Québec, peu de chercheurs se sont intéressés à l’usage et à l’appropriation des outils numériques, en français, notamment à travers les pratiques des femmes artistes autochtones. Dans cet article, je propose d’analyser le cas exemplaire de Caroline Monnet, d’origine mixte anishinabe et française, qui participe également à ma thèse de doctorat. À travers son récit, je présente comment elle a appris à connaître les diverses technologies et le sens qu’elle leur attribue dans sa pratique. Je propose une exploration des thématiques identifiées en entrevue et leur réinvestissement dans une oeuvre qui entremêle judicieusement plusieurs médias. Dans l’oeuvre photographique History shall speak for itself, présentée en 2018 au TIFF Bell Lightbox, au centre-ville de Toronto, Monnet pose un regard critique sur l’histoire du cinéma, de la photographie et des représentations des femmes autochtones. Forte de sa formation en vidéo et de son regard critique sur les documentaires ethnographiques passés, elle propose une oeuvre politique de résistance aux systèmes coloniaux concernant les représentations des femmes autochtones au Canada à travers une pratique et une stratégie anticoloniale. Monnet et son oeuvre de photographie numérique : 1) mettent en lumière la complexité des processus et des dynamiques de (ré)affirmation des artistes à l’ère du numérique ; et 2) explorent les méthodes de réappropriation de leurs représentations visuelles par l’adoption de stratégies de citations et de transmédiation. Le projet permet à l’artiste, et la communauté d’artistes à laquelle elle se joint, à la fois de (ré)occuper et de réclamer le territoire des représentations médiatiques, mais aussi de déconstruire les stéréotypes. Sa réflexion sur la puissance de l’autoreprésentation de la sororité d’artistes dans une grande institution des arts cinématographiques et médiatiques, à Toronto, questionne et renverse les rapports de pouvoir.

Keywords