Cygne Noir (Nov 2020)
Au-delà du signifiant imaginaire : repenser l’inscription du fantasme au cinéma
Abstract
Le rapport entre la théorie du cinéma et la psychanalyse demeure trouble, tant sur le plan conceptuel qu’épistémologique, et ce, depuis les toutes premières études psychanalytiques du cinéma. Ce rapport se trouve complexifié par des avancées distinctes dans les cercles savants francophones et anglophones. Voulant faire le pont entre les réflexions françaises et anglo-saxonnes, cet article se propose de relire les fondements de l’ouvrage Le signifiant imaginaire en articulant les enjeux soulevés par Christian Metz aux relectures lacaniennes offertes par des penseurs contemporains tels que Joan Copjec, Todd McGowan, Elizabeth Cowie et Slavoj Žižek – des penseurs qui prennent acte de certaines lacunes largement présentes dans la théorie des années 1970. Il en ressort une réflexion voulant repenser le régime de signification opérant au cinéma, puisqu’à l’époque de Metz, certains concepts lacaniens (le fantasme, le désir, l’objet a, le Réel) demeuraient absents des discours théoriques en études cinématographiques. Il s’agira donc de redéfinir le désir spectatoriel en l’articulant à une « réelle » pensée lacanienne, le tout afin de resituer la place du signifiant cinématographique en le liant au rôle du fantasme. De nature avant tout programmatique, cet article ne consolidera pas son propos par le biais d’analyses filmiques, mais s’attardera plutôt à des enjeux théoriques afin de plaider pour l’approche mise de l’avant par l’américain Todd McGowan dans l’ouvrage The Real Gaze. Si le fantasme joue un rôle central dans l’articulation du désir spectatoriel, il nous appartiendra de voir comment ce rôle se rapporte au regard, au Réel et au fameux signifiant cinématographique.