Revue Internationale de Politique de Développement (Sep 2020)
Contrôle des drogues et développement : un angle mort des politiques internationales
Abstract
La question du développement a été au centre de la politique anti-drogue internationale depuis les premiers pas timides du régime de contrôle mondial des stupéfiants, il y a plus d’un siècle. Mais la stratégie conçue pour limiter la culture des plantes psychotropes a imposé un coût disproportionné aux territoires du Sud. Ce fardeau s’est alourdi dans l’après-guerre et lorsque la Convention unique sur les stupéfiants de 1961 et la « guerre contre la drogue » lancée par les États-Unis dans les années 1970 ont institutionnalisé les stupéfiants comme un enjeu de sécurité et une préoccupation policière. En dépit de la pénalisation et des efforts d’éradication coercitifs menés par les États, la culture illicite de plantes narcotiques (pavot à opium et coca) a persisté et elle a même atteint des niveaux records à partir de 2015. De fait, la perception du rôle moteur joué par des déficits de développement dans la culture illicite durable s’est améliorée ces dernières décennies. Néanmoins, des efforts importants visant à renforcer les liens interinstitutionnels et thématiques entre la stratégie anti-drogue et les objectifs de développement ont entrainé une réinvention des approches orthodoxes du contrôle de la drogue comme de la réduction de la pauvreté. Aucune de ces approches n’a toutefois connu de succès durable ou n’a soulevé de préoccupations quant aux effets contre-productifs de la reproduction de telles politiques. En rassemblant de nouvelles idées au sein de paradigmes défaillants, le développement alternatif se comprend mieux comme un « bricolage politique ».
Keywords