Les Ateliers de l’Ethique (Jan 2015)

Vertu civique, intérêts personnels et bien commun. Repenser la politique de la vertu

  • Christopher Hamel

DOI
https://doi.org/10.7202/1032731ar
Journal volume & issue
Vol. 10, no. 1
pp. 100 – 128

Abstract

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Dans cet article, je tente de montrer que la vertu civique repose sur le souci du bien commun, sans être exclusive des intérêts personnels. À cette fin, j’examine les travaux que Shelley Burtt a consacrés à l’élaboration d’une conception privée de la vertu civique. Burtt juge cette conception privée compatible avec les prémisses réalistes de la citoyenneté contemporaine, car contrairement à la conception publique de la vertu civique héritée des Anciens (qui exige le sacrifice des intérêts personnels au nom d’un bien commun transcendant), la conception privée fonde la vertu civique dans la poursuite des intérêts personnels. Je montre que les reproches que Burtt adresse à la conception publique sont équivoques et que leur clarification ne permet pas de défendre la conception privée de la vertu. Je soutiens ensuite qu’en voulant faire l’économie du souci du bien commun, la conception privée échoue à assurer ce pour quoi elle est conçue : la stabilité des institutions libres. Je montre enfin que dans son explicitation de la conception d’esprit privé, Burtt présuppose en fait l’esprit public qu’elle cherche à écarter. Je conclus que la vertu civique est nécessairement enracinée dans l’esprit public, et propose des éléments définitionnels de la vertu civique dans ses rapports au bien commun et à la satisfaction des intérêts personnels.

Keywords