Lien Social et Politiques (Jan 2019)
Les politiques publiques d’immigration francophone en Acadie du Nouveau-Brunswick : entre incomplétude institutionnelle et succès symbolique
Abstract
Confrontée au vieillissement de sa population et à son caractère rural affirmé, l’Acadie du Nouveau-Brunswick est devenue une communauté d’accueil d’immigrants francophones créée par le droit, le travail militant de la Fédération des communautés francophones et acadiennes (FCFA) et l’engagement des différents paliers de gouvernement à prendre des mesures positives pour assurer la survie et renforcer la vitalité linguistique et communautaire de l’Acadie.Dans un tel contexte, l’immigration francophone est perçue, à la fois, comme une politique sociale distributive de nature linguistique et comme une panacée permettant la résolution de l’équation du vieillissement de la population, de la faible natalité, des risques d’assimilation linguistique et du déséquilibre démographique en faveur de la majorité anglophone.Après plus d’une décennie de mise en oeuvre des politiques publiques d’immigration francophone, force est de constater l’incapacité de l’Acadie du Nouveau-Brunswick à émerger en tant que communauté d’accueil viable : elle se caractérise par une incomplétude institutionnelle pluridimensionnelle en matière d’immigration et ne profite que marginalement des retombées de la démocratisation de la ressource migratoire. En raison de ses caractéristiques sociétales et spatiales, la rétention et l’intégration d’une masse critique d’immigrants y équivalent à un défi aux « lois » de fonctionnement des flux migratoires.Toutefois, les politiques publiques d’immigration francophone ne sont pas remises en cause. Elles bénéficient d’un succès singulier. D’une part, elles ont pour fonction d’atténuer les tensions linguistiques au niveau provincial et, d’autre part, elles réussissent à faire de l’Acadie du Nouveau-Brunswick une communauté d’accueil symbolique d’immigrants au même titre que la société anglophone majoritaire.
Keywords