Textes & Contextes (Dec 2021)

Critique de paysage de l’écoquartier Vidailhan à Balma, entre écologie de l’espace public et identité territoriale urbain-rural

  • Anaïs Leger-Smith

DOI
https://doi.org/10.58335/textesetcontextes.3359
Journal volume & issue
no. 16-2

Abstract

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Le programme national écoquartier encourage les concepteurs à explorer les pratiques de l’urbanisme écologique, telles que les systèmes de gestion différenciée et de traitement durable des eaux sur site, le maintien d’une diversité végétale, ou la création d’espaces partagés par tous. Le projet de paysage, par sa capacité à mettre en place les conditions favorables au développement du vivant, mais aussi dans sa réflexion autour des espaces publics ouverts de nature, accompagne particulièrement bien ce dessein. Dans l’écoquartier Vidailhan à Toulouse, ces pratiques permettent la construction d’une identité paysagère urbaine-rurale propre, dans un contexte de développement péri-métropolitain. Il s’agit ici d’éclairer, à la lumière d’une critique de paysage, la capacité d’un écoquartier à faire transition entre espace agricole préexistant et espace urbain, entre ruralité et métropolisation, et à être appropriée par les nouveaux habitants.L’évolution des pratiques des paysagistes observées dans les écoquartiers sont l’héritage de deux phénomènes. Citons d’abord la contribution des paysagistes à l’ouverture progressive de la pratique urbaine vers la géographie des territoires. Les principes du Landscape Urbanism en sont une illustration. Ils s’inspirent de la notion d’urbanisme de révélation, de territoire comme palimpseste et de l’approche sédimentaire pour révéler la mémoire des lieux. L’amplification géographique s’appuie sur la structure territoriale préexistante pour projeter une transformation de l’espace. Citons ensuite le tournant paradigmatique vers une pensée écosystémique qui a pris le dessus dans les discours et les pratiques paysagistes au cours des années 2000 et place les processus écologiques au cœur de la conception urbaine. Or dans un espace sud européen où la figure de l’espace public minéral formel domine, les écoquartiers pourraient constituer des poches d’expérimentation pour les paysagistes, invitant au dialogue entre biens communs écologiques et biens communs anthropocentrés, vers la notion de « biens communs écopaysagers hybrides ». L’exemple d’un écoquartier toulousain est intéressant car il suggère, dans un contexte local d’une profession paysagiste en plein développement, un glissement nécessaire des discours paysagistes depuis une approche techno-managériale et une lecture scientifiste du territoire pour aller vers une écologie de l’espace public.Le projet de paysage explore la limite fine entre le contexte global, le phénomène de métropolisation et la culture locale. La mise en place d’une image partagée paysagère post-métropolitaine à Toulouse implique le glissement d’un discours globalisé vers l’incorporation d’une part des particularités locales, des racines rurales, du passé agricole, et d’autre part des particularités métropolitaines préexistantes. Cela passe par la mise en place d’une nouvelle catégorie d’espaces, ni urbains ni ruraux, participant de la relation épistémologique entre l’homme et la nature.