Cahiers d’histoire. (Apr 2011)

L’histoire peut-elle se faire avec des archives filmiques ?

  • Laurent Véray

DOI
https://doi.org/10.4000/chrhc.2286
Journal volume & issue
Vol. 115
pp. 17 – 32

Abstract

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Les documentaires composés d’archives filmiques sont aujourd’hui nombreux. Ils constituent un genre ancien qui tente, dans le meilleur des cas, de faire dialoguer la puissance esthétique et le labeur historien. L’auteur trace un parallèle entre la méthode historique et la réalisation : exhumation d’archives, découpages, articulations et problématiques nouent un même souci discursif. Le piège d’un illusoire objectivisme des images peut être évité par une interrogation constante sur leur évidence trompeuse. En suivant les propositions de Jacques Rancière, l’auteur propose de considérer le documentaire comme une recomposition de la frontière entre fiction et réel grâce à l’instauration d’un discours analytique cohérent. L’auteur évoque ensuite, à travers son film, L’Héroïque cinématographe, une expérience personnelle de réalisation documentaire et nous livre ses réflexions – à la première personne du singulier – sur l’écriture filmique de l’histoire à base d’images d’archives. Œuvrant avec une scénariste de fiction, Agnès de Sacy, il a centré son récit sur deux opérateurs de prises de vue, un Français et un Allemand, pendant le premier conflit mondial. Cette expérience est l’occasion de rappeler l’importance des traces et des empreintes qui redonnent vie à des corps engloutis, soudain ressurgis dans l’épaisseur des images. L’auteur insiste également sur l’importance du hors champ, de l’inattendu, de l’impromptu qui strient les films comme autant d’éclairs à questionner.

Keywords