Revue Forestière Française (Mar 2022)

« Que voit-on dans une forêt en libre évolution que l'on ne voit pas ailleurs ? », trois regards complémentaires

  • Joseph Garrigue,
  • Laurent Larrieu,
  • Bernard Boisson

DOI
https://doi.org/10.20870/revforfr.2021.5465
Journal volume & issue
Vol. 73, no. 2-3

Abstract

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Le regard de Joseph Garrigue : chronique d’une observation naturaliste sensible. Le regard de Laurent Larrieu : des espaces forestiers en libre évolution : Pourquoi ? Où ? Comment ? Que dit la science ? Outre leur grande valeur patrimoniale intrinsèque, les forêts faiblement anthropisées offrent un refuge à la biodiversité spécifique des milieux forestiers, jouent un rôle important dans l’atténuation des effets du changement climatique et servent d’observatoires pour mieux comprendre le fonctionnement des écosystèmes forestiers naturels ainsi que de références pour développer une gestion basée sur l’imitation des processus naturels. La mise en libre évolution sur le très long terme d’espaces forestiers vise à augmenter la proportion de forêts faiblement anthropisées. Cette revue de littérature précise les caractéristiques que devraient avoir ces espaces forestiers pour pleinement jouer le rôle qui leur est assigné. Bien que les connaissances scientifiques sur le sujet soient encore fragmentaires, nous pensons qu’elles sont à ce jour suffisantes pour optimiser les initiatives de mise en place de surfaces en libre évolution par les gestionnaires de forêts. Le regard de Bernard Boisson : les forêts rendues à l'oubli pluriséculaire comme référentiels pour recentrer le progrès et réaccorder la société Les forêts en libre évolution ont une valeur de référentiel perceptuel pour inspirer et recentrer différemment toute gestion territoriale du plus rural au plus urbain. Cette prise de conscience nécessite l’inclusion de domaines de connaissances inhérents aux sciences humaines et aux approches culturelles sensibles en sachant que seule une humanité régulée est compatible avec une nature régulée et que cela implique la plus grande maturité interdisciplinaire entre nous tous. La nature non-domestiquée réveille l’humain inconditionné. Face à un mal-être social latent dans les paysages artificiels : « le déracinement humain dans des lieux déracinés », cette prise de conscience se révèle en grand antidote.