Cidades, Comunidades e Território (Jun 2020)
Les sociétés de plantation dans l’économie globale des services domestiques
Abstract
Cet article interroge la forme spécifique d’exploitation des femmes dans les services domestiques aujourd’hui en portant le regard sur la place de la main-d’œuvre féminine issue de la classe des travailleurs des sociétés de plantation dans l’économie globale des services domestiques. Il étudie pour cela le cas de l’intensification des usages des services domestiques à l’Ile Maurice dans le contexte de la désindustrialisation de l’île et de son insertion dans les réseaux transnationaux des global cities. A la différence des approches classiques du service domestique dans l’économie domestique et la reproduction sociale du foyer usager des services, la démarche de recherche explorée examine le service domestique comme étant d’abord un facteur de production du développement économique envisagé par l’Etat postcolonial mauricien. Trois unités d’analyse sont articulées pour traiter des données empiriques collectées par une enquête de terrain de huit mois : le contexte productif national contemporain, les rapports de service domestique passés et présents d’après les représentations de bonnes et d’employeuses et le propre foyer de travailleuses domestiques. Ces outils d’analyse permettent de mettre en évidence la modernité des références coloniales du pouvoir qui sont mobilisées par les procédés d’exploitation néolibérale du temps des femmes dans les services domestiques, et la façon dont ce travail est devenu un site majeur du conflit de classe. L’article entend contribuer à la littérature sur les formes transnationales d’exploitation dans les services domestiques et sur l’histoire des rapports de classe dont les travailleuses domestiques font pleinement partie.