Akofena (Mar 2024)
Haines et passions dans l’œuvre de Barbey d’Aurevilly
Abstract
Résumé: Barbey d’Aurevilly est soucieux de décrire les passions qu’il aborde, de manière pessimiste, contre une certaine forme d’idéal romantique. Pour lui, la haine n’est jamais loin de l’amour. Il laisse exprimer son côté passionné avec grandeur, désespoir et souvent rancœur. Lui qui déteste les auteurs romantiques, ses contemporains, Goethe et Diderot également, éreinte leurs écrits dans ses Memoranda. Il ne se situe jamais dans la demi-mesure et il analyse les méandres et autres dérives de l’amour-passion montré comme dévorant, assassin ou extraordinaire. Ses personnages, qui comportent beaucoup d’aspects de lui-même, ne sont guère ordinaires et reflètent une passion proche de l’ubris et d’un comportement excessif, condamnable et dévastateur. Ce dandy de la littérature raconte des histoires d’amour immorales, celle d’un prêtre, d’une vieille maîtresse ou celles d’amants diaboliques. Les récits amoureux entrecoupés de passages violents, haineux ou fantastiques réinventent un amour brûlant et parfois démoniaque. La narration se construit sur des oppositions franches et son auteur revendique un ton libre et personnel. Son écriture est tout sauf neutre et, dans presque tous ses écrits, domine la volonté de faire surgir un message nouveau, provocant et à sa grandeur. Lui qui a souffert de chagrins d’amour, qui s’est lancé dans le journalisme et qui porte un regard critique sur ses contemporains et la littérature en général, est tout à fait capable de célébrer des auteurs de l’Antiquité, classiques ou d’avant-garde. Même s’il n’aime pas toujours V. Hugo, il trouve un intérêt à son œuvre. Schiller, également, trouve grâce à ses yeux. C’est pourquoi il paraît intéressant de relever les paradoxes de cette grand œuvre originale et puissante. Cette double approche conciliant l’alliance folle entre l’amour et la haine, permet de saisir la complexité de l’âme humaine et de démontrer de la virtuosité d’un auteur soumis à ses passions, mais qui s’en libère grâce à l’écriture dont l’esthétique moderniste, ne dédaignant pas non plus une forme de tradition, est à définir. Mots-clés : Barbey d’Aurevilly, haine, passion, écriture, esthétique