SHS Web of Conferences (Jan 2024)
Concernant les palatalisations dans le proto-français : une révision de la doxa
Abstract
La phonologie diachronique du français est caractérisée par plusieurs processus de palatalisations : ① une proprement pan-romane qui affecta les occlusives dentales et vélaires lorsque suivies d’un yod, p. ex. DIURNÁTA‘le travail d’un jour’→ afr. jornee [d͡ʒoʁneə] à fr. journée [ʒuʁne], ② une palatalisation, fréquente dans les langues romanes, des vélaire devant voyelles antérieures, mais donnant des résultats variables selon la langue, notamment en français, ex. CENTUM ‘cent’ à afr. cent [t͡sɛñ], fr. cent [sɑ], mais l’it. cento [t͡ʃɛn.to], et ③ une palatalisation « française » des séquences et , ex. cane à afr. chien [ʧjɛñ], fr. chien [ʃjɛ]. Dans cette communication, nous évaluons le comportement distinct de ces deux dernières palatalisations, notamment l’aboutissement de la vélaire sourde à /t͡s/ en afr. lors de la palatalisation « romane », mais à /t͡ʃ/ et la voisée /d͡ʒ/ dans la palatalisation « française ». Cette dernière est généralement expliquée par une antériorisation conditionnée du /a/ tonique libre vers [æ], un changement incapable d’expliquer les palatalisations devant le /a/ atone devenu cheva et devant les /a/ entravée. Nous défendons une influence du substrat gaulois lors des deux premières palatalisations, tandis que la la dernière serait spontanée, une conséquence des origines latines et prélatines de ces consonnes.