Recherches Germaniques (Dec 2012)

La frontière et l’« entre-deux » dans l’œuvre d’André Weckmann (1924-2012) : un hommage

  • Catherine Repussard,
  • Maryse Staiber

DOI
https://doi.org/10.4000/rg.533
Journal volume & issue
Vol. 42
pp. 125 – 138

Abstract

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Cette contribution propose de jeter un regard postcolonial sur des aspects majeurs de l’œuvre d’André Weckmann, notamment sur le statut linguistique ou, si l’on préfère, de la reconnaissance d’un parler, en questionnant le lieu d’ancrage de la focalisation culturelle. Il s’agit de déterminer d’où est lancé le regard qui évalue négativement la culture de l’autre, thème central d’un texte fondateur des postcolonial studies, rédigé par le théoricien postcolonial d’origine indienne Homi Bhabha, The Location of Culture. Pour André Weckmann, tout comme pour les théoriciens postcoloniaux, il ne s’agit pas seulement de renverser ce regard, à l’instar des mouvements de revendication et d’affirmation identitaires, comme ceux de la négritude par exemple, mais de créer des « espaces-tiers » (Third Space chez Homi Bhabha), au-delà des limites marquées par les frontières, au sein desquelles pourra s’épanouir une culture partagée. Weckmann, « le réveilleur de l’Alsace », est aussi un passeur qui refuse toute forme de nivellement et souligne l’importance de l’unicité des cultures pérennes intriquées. Pourtant, l’auteur alsacien récuse toute fusion linguistique et/ou culturelle qui, à ses yeux, ne mènerait qu’à la confusion. Pour lui, le plurilinguisme favorise le contact, si bien qu’il confère à l’Alsace un rôle pionnier dans la construction de régions pluriculturelles, parvenant à dépasser les conflits et à réunir harmonieusement les antagonismes.