Caliban: French Journal of English Studies (May 2019)

Shangri-La Redeemed

  • Irina Kantarbaeva-Bill

DOI
https://doi.org/10.4000/caliban.6689
Journal volume & issue
Vol. 61
pp. 329 – 349

Abstract

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Comment un lieu acquiert-il son identité géopolitique ? La réponse n'est pas évidente car ce statut ne reflète pas simplement une réalité préétablie, comme dans le cas des identités collectives et individuelles, c'est aussi une construction. Cet article tente d'analyser l'image britannique du Tibet, jadis et naguère terre de souffrance et d'espoir, en tant qu'identité géopolitique, à travers des fantaisies imaginaires et des intérêts mercantiles impériaux, étrangement, sans conflit inhérent entre les deux. Depuis leur arrivée en Inde, les Britanniques ont constaté que l'image mystique de ce pays lointain et inaccessible atteignait un public plus large que sa réalité historique ou sa capacité à s'affirmer comme une nation et de résister aux invasions. Shangri-La, l'étrange lamaserie lovée dans une vallée de l'Himalaya, hors de vicissitudes du temps, devient un cadre romanesque dans Lost Horizon (Les Horizons perdus, 1933) de James Hilton (1900-1954), qui nourrit cet imaginaire occidental du Tibet jusqu'à nos jours. Cependant, les premières rencontres entre la Couronne britannique et le Tibet n'ont pas été marquées par le mysticisme et la spiritualité, pas plus pour les Britanniques que pour les Tibétains.

Keywords