SHS Web of Conferences (Jul 2012)
La synonymie dans la seconde moitié du XIXe siècle : description, pédagogie et théorisation
Abstract
Cet article vise à analyser le traitement de la synonymie, dans la seconde moitié du XIXe siècle, à la frontière de plusieurs domaines disciplinaires qui se penchent sur l’étude de la signification lexicale : la lexicographie monolingue, la lexicologie, la sémantique et la linguistique générale. Tout en étant contigus et malgré la généralisation de l’approche distinctive de la synonymie, ces domaines présentent, néanmoins, des différences majeures dans l’appréhension de ce phénomène. Si pour la lexicographie, la synonymie est généralement un problème à résoudre, les approches pédagogiques en font un dispositif pour stimuler l’intelligence lexicale des apprenants et pour les amener à la connaissance de la juste valeur des mots. Les approches théoriques, quant à elles, la considèrent comme une dynamique constitutive du système linguistique qui a son fondement dans la faculté de langage des sujets parlants. A cette époque, l’instabilité de la notion – qui recouvre plusieurs ordres de faits – tient au double critère qui entre en ligne de compte pour déterminer l’identité de signification et l’écart qui sépare les séries synonymiques : le sens et la forme. La formalisation d’une nouvelle notion (la polysémie) détermine, néanmoins, une reconfiguration des faits de synonymie et un découpage différent dans la matière lexicale. Le critère formel, quant à lui, fait intervenir des considérations diachroniques fondées sur l’étymologie, qui sont en contradiction avec le point de vue synchronique que la différenciation des synonymes suppose et qui est à l’origine de la valorisation du savoir épilinguistique du locuteur.