Tracés (Sep 2004)

La morale comme maladie : éléments pour une psychopathologie nietzschéenne des sentiments moraux

  • Jean-Philippe Ferreira

DOI
https://doi.org/10.4000/traces.2963
Journal volume & issue
Vol. 6
pp. 49 – 66

Abstract

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Plutôt que de lire l’œuvre de Nietzsche comme la trace laissée par un cas pathologique, et par là même aussitôt invalidée, ou même à travers un prisme psychanalytique, cet article préfère cerner la nouveauté du langage nietzschéeen dans le champ philosophique. De là découle une approche qui renverse les rapports entre folie et morale : morale et civilisation deviennent l’objet d’une analyse clinique. Le philosophe a pour tâche de se livrer à un déchiffrage généalogique des phénomènes de la culture, en les rapportant à l’état du corps dont ils sont symptomatiques. La médecine devient la métaphore d’une activité philosophique réformée, en s’instituant symptomatologie, ou philologie appliquée aux manifestations du corps. Il s’agit d’interroger avec Nietzsche la civilisation, la culture et la morale en des termes physiologiques, comme une apparence dont le sens profond réside au cœur de l’activité pulsionnelle dont elles sont l’expression.